Les agendas surchargés, les séminaires trop denses, les réunions qui débordent, le quotidien qui happe au détriment de la vision stratégique… le sentiment de submersion est un thème régulièrement apporté en coaching car il crée une perte de repères et de la souffrance au travail. « Dans un environnement qui se veut de plus en plus organisé et informatisé, le plein impose sa logique, tandis que les quelques espaces vides, où l’on peut exercer sa liberté s’amenuisent ».
Que cela nourrisse un sentiment d’efficacité, je le suppose. Mais ne nous y trompons pas, la question est ailleurs : Comment créer autrement de la valeur dans l’entreprise ?
Aristote nous le rappelle « le repos est un moment du mouvement ». Ainsi, il nous dit que « la nature se nourrit du jeu entre le vide et le plein, dans un processus contradictoire et complémentaire, comme moteur perpétuel du mouvement, des transformations et des cycles ».
Sortir du trop plein
De nombreux paramètres s’imposent au manager dans l’exercice de ses fonctions, sur lesquels il exerce sa marge de manœuvre, décide et agit (voire réagit). « C’est un management essentiel à l’entreprise, nécessitant de la part des managers une capacité à optimiser les moyens mis à leur disposition, à résoudre des problèmes. Mais tant que le manager appréhende l’environnement comme un ensemble de contraintes, il est dans la gestion du plein – au mieux dans l’optimisation, mais pas dans la création de valeur ».
Se tourner vers le vide
Se tourner vers le futur, vers ce qui doit être amélioré ou inventé, c’est se tourner vers le vide, « mais un vide perçu non comme un manque mais comme un potentiel de développement , un espace de créativité ».
Or, ces temps de latence, qui laissent un espace disponible à l’intuition, au regard défocalisé, au savoir des intelligences multiples, sont souvent appréhendés comme des temps d’inactivité, voire d’inutilité, et cela engendre un sentiment de culpabilité alors que le dirigeant est là dans l’essence même de son rôle.
Car une entreprise qui n’innove plus se meurt. Or, parmi les 4 niveaux d’innovation, l’innovation managériale est la plus différenciante, elle contribue à la plus grande création de valeur, car elle n’est pas duplicable.
Se tourner vers le vide pour imaginer le futur et se réinventer, c’est accepter de ne rien chercher pour se laisser surprendre, accueillir le non savoir, lâcher-prise me direz-vous… Rencontrer le droit à l’erreur, le rapport à l’incertitude, la confiance en soi et en l’autre ne va pas de soi. L’aventure est aussi identitaire, mais elle ouvre la voie pour une gouvernance plus inspirante.
« Le manager s’impose par ce qu’il fait, le leader par ce qu’il est ».